Crise oblige, les achats de Noël prennent une allure de test pour les grands magasins qui réalisent d’habitude un quart de leur chiffre d’affaire entre la mi-novembre et le 25 décembre. Et cette année ? La crise qui dure a t’elle changé les habitudes des Français ? Reportage au BHV, à Paris, une semaine avant le grand jour.
« Grelin-grelin » tintinnabule la cloche de l’Armée du Salut. 8 jours avant Noël : devant les vitrines décorées du BHV, un bénévole en uniforme bleu marine fait appel à la solidarité des passants.
Tout se joue au 5e étage du magasin, au rayon des jouets. En musique d’ambiance, Sinatra souhaite « Merry Chrismas », interrompu par la voix joyeuse et professionnelle d’un démonstrateur : « lorsqu’on n’ a pas d’idées cadeaux, on en a encore, grâce au BHV ».
Les rayons sont étrangement calmes. Quelques rares clients se promènent, tranquillement. Un hélicoptère miniature volette de rayons en rayons devant un client hésitant. Il finit par s’éloigner sans le jouet.
Au rayon Petite fille, Axelle se veut confiante. Elle travaille là depuis deux ans et prépare les fêtes depuis le 15 octobre. « Ce soir c’est nocturne. Les gens viendront peut-être plus tard. A partir de 16 h, il devrait y avoir plus de monde. »
Non loin de là, une maman hésite entre deux valisettes Hello Kitty. Elle reviendra. « Ce qui a changé cette année, et un peu aussi déjà l’an dernier, c’est que les clients font du repérage, analyse Axelle. Il n’y a plus d’achat compulsif, tout est calculé. Les seuls moments où ils se lâchent c’est durant les ventes flash, quand le BHV propose - 20%, par exemple, pendant une heure ».
A côté des peluches, un père Noël déprime, assis sur son trône. Il discute avec son photographe pour passer le temps. "En temps normal, on photographie une soixantaine d’enfants en une journée. Regardez ça : il n’y a personne… »
La valse des hésitants se poursuit. Une dame cherche une petite voiture pour «12 euros». Il n’y a rien de ce genre-là à moins de 15 euros. Elle repart sans acheter. D’autres ont trouvé leur bonheur. Une grand-mère, coiffée comme Brigitte Bardot dans les années 80, traîne d’une main « le train des records » dans un gros carton et, de l’autre, son petit-fils, ravi. Aux caisses, quatre-cinq personnes seulement font la queue. Les caissières ont le temps de répondre au téléphone « les jouets bonjour ? ».
Ce Noël de grand magasin ne ressemble pas aux Noëls d’il y a 10 ans.
Au rayon Premier âge, ce n’est pas la fête. d’humeur morose. Pour expliquer la morosité ambiante, Yamina, démonstratrice pour la marque Prénatal, a un coupable tout trouvé. Elle baisse la voix pour le dénoncer. « C’est à cause d’Internet! Les clients achètent tout en ligne parce que c’est moins cher."
Il est 16 heures. Les rayons se sont un peu remplis. Aux caisses centrales, une dizaine de clients patientent maintenant. Une petite fille boulotte expose son point de vue, son cadeau dans les bras : « c’est pas le père Noël qui apporte les cadeaux, c’est les mamans ». Encore une qui n’ira pas se faire photographier avec le vieux bonhomme en rouge du BHV.
Tout près de là, des Mac scintillants et des écrans plats dernier cri défient les ours en peluche. Le rayon informatique grignote inexorablement l’espace jouets.
« Depuis 4 ans, le matériel informatique représente près de 33 % des achats de Noël, confirme un vendeur. C’est plus que les jouets et les vêtements réunis. »
Près des escalators, au stand des paquets cadeaux, une dizaine de volontaires se tiennent prêts à empaqueter. Plus nombreux que les clients qui attendent.
Dehors, le froid est vif et le soir commence à tomber sur Paris. La cloche de l’Armée du Salut résonne toujours près des vitrines. Le soldat salutiste s’inquiète « Cette année, c’est pas gagné.»
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