J'adore la déco. Célibataire, je ne ratais aucune émission de décoration d'intérieur, rêvant du jour où, moi aussi, je casserai tout pour créer un puit de lumière au milieu de mon loft.
Chiner a été mon activité préférée du dimanche. J'ai claqué des fortunes chez Sentou, chez les Tsé-Tsé. Les guirlandes lumineuses m'ont sauvée de la déprime.
Et puis un bébé est arrivé dans ma vie. Trop occupée à gérer le quotidien, je n'ai rien vu venir et voilà : je vis désormais dans un jardin d'enfant.
Avec Monsieur, nous dinons assis sur un tas de légo, les plintes repeintes au feutre rouge, un parc, un camion de pompier et un bureau taille enfant en guise de decorum. Le canapé feu Habitat est parsemé de taches de lait caillé, malodorantes et impossibles à faire partir.
A la naissance de mon fils, j'avais déniché une ancienne caisse à jouet en osier, ravissante. Je l'avais posée à un angle du salon, so cosy, pensant ainsi limiter la casse : quand elle sera pleine on arrêtera d'acheter des jouets et puis c'est tout.
Trois ans plus tard, les quatre coins du salon vomissent des jouets multicolores et bruyants. Et impossible de jeter la moindre roue de petite voiture : l'enfant a un sixième sens pour réclamer (énergiquement) ce qu'on a jeté le matin même.
Tout miser sur une grande chambre d'enfant ? Mauvaise pioche. Le petit d'homme aime jouer dans la pièce principale de la maison, sous le regard de ses géniteurs, souvenir instinctif du temps où l'on ne s'éloignait jamais de la caverne par peur des bêtes sauvages.
Et le mal s'étend à tout l'appartement. Dans l'entrée, la poussette bloque le passage, la cuisine est condamnée par une chaise haute de la taille d'un trône et les murs sont repeints au Blédina. Dans la salle de bains, point de jacuzzi mais moults jouets en plastique pour se divertir durant ses ablutions. Nos affiches préférées, nos photos de voyage ont fait place à des dessins effrayants, témoignant des névroses de nos enfants.
Passé 35 ans, seuls les gays conservent de beaux appartements, décorés avec goût, telle est ma conclusion.
Récemment, nous prenions l'apéro chez un couple d'amis sans enfants. Sur la table basse, Hélène avait amoureusement disposé une nappe blanche brodée de fleurs, souvenir de sa grand-mère polonaise, et des verres en cristal.
Dans le quart d'heure, mon fils a laissé tombé son bib', fracassant les verres et ruinant la nappe brodée. Hélène a failli en mourir. Son copain a passé le reste du repas à chercher sur internet comment se nettoie le vin rouge sur les nappes polonaises. Ces deux-là veulent un enfant.
Moi je me marre.
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