lundi 29 juin 2009

La guerre des poussettes

C'est curieux la vie. Quand j'étais enceinte, les femmes dans la rue souraient à mon ventre, maternelles et nostalgiques. Les jeunes filles me regardaient, complices, tandis que dans les magasins, les caissières ouvraient leurs caisses précipitamment pour m'éviter d'attendre debout. Même les serveurs dans les brasseries étaient aux petits soins...
Fatalement, j'ai fini par croire qu'avec un bébé en arrivance j'entrais dans le monde magique des Bisounours. J'en avais bavé célibataire mais c'était terminé ! A moi les cent mille vierges ! En devenant maman, on était admise dans un club très privé, où les adultes se conduisent et vous traitent en adulte.
J'ai vite déchanté.
Dès la première sortie avec mon bébé, en fait : alors que je m'élançais fièrement dans la rue, poussant mon landeau tout neuf, les pieds legèrement en canard (souvenir de l'accouchement), en quête des regards chaleureux de mes frères humains.
Mon cul.
Première constation rapide : le landeau, acheté le prix d'un rein, a la largeur et le poids d'un tank. Dans la rue, les gens vous regardent, haineux, prendre tout le trottoir. Se déplacer en bus ou en métro est impossible, rapport aux dimensions de l'engin.
J'ai donc erré pendant 5 mois (durée de mon congé mat') entre chez moi et le monop' du coin. Et comme il est difficile de pousser un caddie et un landeau en même temps, à part si on s'appelle Ben Hur, je faisais des allers-retours toute la journée.
Puis mon bébé a eu 6 mois et nous sommes passé à la poussette. Tadaam ! Une Mac Laren ! La rolls des poussettes canes !
Et j'ai découvert l'enfer des transports en commun avec une poussette.
Dans le métro, devenue curieusement invisible, j'ai été obligée d'aborder les hommes, à la limite du racolage, pour être aidée dans les escaliers.
Dans le bus, dieu sait pourquoi, les gens deviennent dingues dès qu'ils voient une poussette monter. Des chauffeurs ont refusé de m'ouvrir les portes arrières et exigé que je passe par l'avant, au risque d'être lynchée par les autres voyageurs. Même sagement garée sous le panneau "Emplacement reservé aux poussettes", j'ai déchainé les passions. Là où j'avais mis mon bébé, on a voulu mettre des valises. Du matériel informatique. Des plantes vertes.
Et pour peu que le bus soit bondé, on me regardait comme si c'était de ma faute.
Une copine a été chassée du 96 car sa petite pleurait trop fort dans sa poussette. Les gens ont commencé à s'agiter et le chauffeur a stoppé son bus en plein St Germain des Prés. Pour lui demander de descendre. Dehors la sorcière ! Elle s'est retrouvée sur le trottoir à pleurer autant que sa fille.
La vie est une jungle. Et la vie avec une poussette une jungle pleine de serpents et de moustiques. Voilà, je vous aurai prévenu.
La semaine prochaine, nous aborderons le square et ses nombreux dangers !

2 commentaires:

  1. Pour celles qui attendent un heureux événement (car c'en est un !) juste un conseil d'ancienne : JETEZ VOTRE POUCETTE ! Dès qu'il se tien droit, en ville, portez votre bambin sur les hanches, il ne respire pas les pieds des autres, vous lui expliquez ce qu'il voit, du coup ça l'occupe et il ne pleure pas.

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  2. quel souvenir ce bus 61...un vrai cauchemar!

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